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Punk à Singe

𝗣𝘂𝗻𝗸 à 𝘀𝗶𝗻𝗴𝗲 – 𝗖𝗼𝗿𝗿𝗲𝘀𝗽𝗼𝗻𝗱𝗮𝗻𝗰𝗲 𝗮𝘃𝗲𝗰 𝗙𝗿𝗮𝗻ç𝗼𝗶𝘀 𝗕é𝗴𝗮𝘂𝗱𝗲𝗮𝘂, est le premier livre paru chez LADA, la division sonore des Âmes d’Atala, maisonnette d’édition consacrée aux littératures finiséculaires (https://zamdatala.net/) qui jusque là se « contentait » surtout de sortir les bouts de plastique des lilloiSEs de Traitre ou Makach… François Bégaudeau pour qui ne situerait pas est l’ancien chanteur des Zabriskie Point, groupe punk rock nantais difficilement contournable des années 90 que l’ami en LADA (sans permis) a retrouvé au détour d’une conférence sur le punk qu’il venait mener en un chaud mois de février 2015 à Science Po Lille et à qui il a proposé de poursuivre certaines pistes évoqués lors de celle-ci par un échange de mails qui s’étendra de juin à novembre de la même année.
C’est le résultat de cette correspondance qui se voit ici imprimé et plus qu’à une simple interview qui n’aurait eu que peu d’intérêt, on assiste là à un échange de haute volée, riche en idées et perceptions à propos de corps, de libéralisme, de singe et de tigre, de prolétariat, de magnétophone, de philosophie, de rock, de lutte des classes, de grimace, d’anarchisme, du vivant… en un mot, de punk.
Un livre parfois dense tant des deux côtés on aime manier les mots et pousser la réflexion mais complétement prenant, deux visions du punk qui se confrontent, se complètent, se retrouvent, se respectent, c’est beau ! (288 pages, 148 x 210 cm)

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Crisis « Hymns Of Faith »

𝗖𝗿𝗶𝘀𝗶𝘀 avec leur « 𝗛𝘆𝗺𝗻 𝗢𝗳 𝗙𝗮𝗶𝘁𝗵 » sorti en 1980 et ici repressé s’inscrit comme fer de lance de toute la vague postpunk anglaise à l’instar des Joy Division ou Wire mais restera plus confidentiel que ces derniers et c’est bien dommage ! 7 morceaux sur ce premier album et rien a jeter, musique lancinante, prenante, hypnotique et textes politiques… Pour la petite histoire deux membres de Crisis formeront Death In June après le split du groupe et mon p’tit doigt me dit que si les parisiens de Frustration s’appellent Frustration, Crisis n’y est pas pour rien… – LP 7 titres –

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Oi Polloi « Saorsa »

Toujours avec 𝗢𝗶 𝗣𝗼𝗹𝗹𝗼𝗶 et leur tout nouvel album « 𝗦𝗮𝗼𝗿𝘀𝗮 » sorti il y a une petite année et qui est pour moi le digne successeur de « Fuaim Catha » chroniqué précédemment, deux albums un peu moins à mon goût (mais néanmoins très au dessus de la mélée hein !) étant sortis entre temps… Rien que la pochette, du dessin à sa composition, nous replonge dans une ambiance similaire, idem pour la zik même si sur ce nouvel album on a aussi bien d’excellents brulots punk hardcore que quelques morceaux Oi! de très bonne facture et au niveau des textes, ben du Oi Polloi au top : unité des anarchopunks, crusties et skinhead progressistes, permaculture et autosuffisance alimentaire, antifascisme, aliénation salariale, télésurveillance, antisexisme, extinction des abeilles, défense des langues et cultures minoritaires… Disque très soigné avec pochette ouvrante, poster, paroles et insert qui revient sur chaque morceau pour l’expliquer, le compléter, en élargir le champ…futur classique sans aucun doute ! – LP 15 titres –

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Oi Polloi « Fuaim Catha »

1999 était décidément un bon cru… une autre bonne torgnole que je me suis prise avec la sortie de « 𝗙𝘂𝗮𝗶𝗺 𝗖𝗮𝘁𝗵𝗮 » d’𝗢𝗶 𝗣𝗼𝗹𝗹𝗼𝗶, toujours sur 𝗦𝗸𝘂𝗹𝗱 𝗥𝗲𝗹𝗲𝗮𝘀𝗲𝘀… Alors Oi Polloi, groupe d’Edinburgh incontournable de la « scène punk politisé » (un peu triste d’avoir à préciser aujourd’hui qu’un groupe punk est politisé…) toujours en place depuis 1981 sans jamais avoir dérogé à son éthique même si il ne reste que le chanteur de la formation d’origine. Oi Polloi a commencé par jouer de la zik typiquement Oi! anglaise (écossaise, pardon !:)) pour la faire évoluer vers le punk hardcore voir le crustpunk et ce toujours avec classe ! Fuaim Catha est un peu l’un des albums avec lequel ils assurent le tournant, une quinzaine de titres de punk hardcore hyper péchu et efficace aux textes toujours aussi directs et sans concessions qui abordent l’écologie, la religion, les droits des femmes, l’histoire écossaise, l’apathie télévisée, les élections, le sabotage de chasse, les méfaits du capitalisme… quasi que du classique en somme mais tant qu’on vivra dans ce monde de merde, ben faudra bien en causer ! Et puis quand c’est aussi bien fait, avec cette petite touche d’ironie, cette énergie positive et ce sourire qui fait qu’un concert d’Oi Polloi reste une fête et non un prêche…je dis banco ! – LP 17 titres –

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Antiproduct- « The Deafening Silence Of Grinding Gears »

Autant la jouer franc jeu direct, c’est un de mes disques fondateur… sorti à la fin des années 90, bim la grosse mandale que ça m’a mis ! Un chant mixte rageur, un jeu de guitare fin et sans solos chiants (bien que le solo de guitare soit chiant par définition…:)), des lignes de basse et une batterie qui défoncent, des morceaux qui montent en intensité et des paroles politisés, anarchocrustpunk, tuerie !
Ah… et pour les géographes, le groupe est américain, from new york. – LP 8 titres –

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Sheer Mag « Need To Feel Your Love »

Après 3 EP qui ont bien fait monter la sauce, 𝗦𝗵𝗲𝗲𝗿 𝗠𝗮𝗴 sort son premier album « 𝗡𝗲𝗲𝗱 𝗧𝗼 𝗙𝗲𝗲𝗹 𝗬𝗼𝘂𝗿 𝗟𝗼𝘃𝗲 » sur 𝗦𝘁𝗮𝘁𝗶𝗰 𝗦𝗵𝗼𝗰𝗸 𝗥𝗲𝗰𝗼𝗿𝗱𝘀 pour la version européenne. Les quatre gaziers et leur chanteuse envoient 12 titres entre hardrock 70’s, garage et pop rock, genre Thin Lizzy, Jackson 5 et les Strokes sont sur un bateau et personne tombe à l’eau…le tout avec un esprit et des textes dignes des meilleurs punks rockeurs, parfait pour tracer sur la route du littoral, soleil couchant, les cheveux au vent au volant de ta 206 décapotable !
Les critiques « spécialisés » y voient le futur du rock américain, c’est dire ! – LP 12 titres –

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Los Crudos « Discografia »

Los Crudos est un groupe chicanos de chicago hyper actif dans les années 90 avec un discours sociopolitique fort sur l’impérialisme nord américain, les violences policières, la place des latinos aux états unis, la xénophobie, les inégalités économiques…et une attitude DIY sans faille.
Morceaux chantés en espagnol, courts et rapides, l’essence même du hardcore !
Ce double LP discographique nous offre rien de moins que 66 morceaux (hé ouai !), il est d’abord sorti en 2015 aux états unis par le « zine » collectif Maximum Rock’N’Roll (fondé au début des années 80 et 420 numéros à ce jour ! http://www.maximumrocknroll.com/) pour soutenir ses activités avant d’être repressé l’année suivante par le tout bon label londonien 𝗟𝗮 𝗩𝗶𝗱𝗮 𝗘𝘀 𝗨𝗻 𝗠𝘂𝘀 et se voit emballé dans une pochette ouvrante et accompagné d’un livret de 40 pages comportant les paroles, reproductions d’affiches et autres joyeusetés ! – Double LP 66 titres –

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Tuna « Dupla Face »

Le deuxième album des brésiliens de 𝗧𝘂𝗻𝗮, « 𝗗𝘂𝗽𝗹𝗮 𝗙𝗮𝗰𝗲 » est comme le dirait Pascal Sevran (RIP) conceptuel : 4 thèmes pour 8 chansons qui fonctionnent par paire sur le mode thèse/antithèse, parce que le monde est rarement noir ou blanc et que la réalité peut être multiple…
Musicalement Tuna c’est du punk rock clair et péchu avec un guitariste au jeu pas linéaire pour un sous, une rythmique qui assure et une chanteuse ultra énergique et parce que le punk est plus que de la musique, plusieurs membres du groupe sont aussi bien impliqués dans les milieux anarchistes de Sao Paulo : centre social, orga de concerts de soutien, infokiosque, distro… et pour avoir croisé leur route au détour d’un rade du pas d’calais je peux vous assurer que ce sont des gens adorables ce qui ne gâche rien ! Bref, un disque cool, par un groupe cool, pour des gens cools !
Écoutez aussi leur premier album « O mudo mundo com a nossa voz » qui est une petite tuerie ! (au cas ou, les deux se téléchargent là : http://tunapunkrock.com/?page_id=49) – LP 8 titres –

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Bérurier Noir / Haine Brigade

On mélange un peu des deux chroniques précédentes et hop, on a le split EP 𝗕é𝗿𝘂𝗿𝗶𝗲𝗿 𝗡𝗼𝗶𝗿/ 𝗛𝗮𝗶𝗻𝗲 𝗕𝗿𝗶𝗴𝗮𝗱𝗲 ! Sorti à l’époque (1988) en soutien à la revue anarchiste Noir & Rouge et réédité en 2016 dans le même esprit pour soutenir la revue Courant Alternatif de l’Organisation Communiste Libertaire.
Même pochette poster, mêmes morceaux : la fameuse « Makhnovtchina » face Bérus, texte longtemps attribué à un anonyme ukrainien (voir à Makhno en personne dis !) sur un air « traditionnel » et considéré comme un chant de lutte d’époque (autour de 1920 en gros…) ; on sait aujourd’hui qu’elle a en réalité était écrite par Étienne Roda-Gil dans les années 60 sur l’air du Chant des Partisans russes… Étienne Roda-Gil, si t’as du mal à situer, bien qu’issu d’une famille anar catalane s’étant réfugié en (f)rance suite à la guerre d’espagne et sympathisant CNT c’est surtout l’auteur de morceaux qui ont animés les meilleures boums et autres mariages somptueux pendant des décennies : « Alexandrie Alexandra », « Joe le taxi »… ainsi que d’une flopée d’autres titres pour les plus « grands », de Johnny à Julien Clerc en passant par Patricia Kaas… quel talent ! 😀 Face Haine Brigade on a droit à deux inédits : « Charleston » et « Nox Lupi », le chant féminin s’est fait la malle depuis l’album et ça perd un peu en personnalité du coup… – EP 3 titres –

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Bérurier Noir « Concerto Pour Détraqués »

Ça n’devrait pas être une grosse découverte pour grand monde avec 𝗕é𝗿𝘂𝗿𝗶𝗲𝗿 𝗡𝗼𝗶𝗿 « 𝗖𝗼𝗻𝗰𝗲𝗿𝘁𝗼 𝗽𝗼𝘂𝗿 𝗱é𝘁𝗿𝗮𝗾𝘂é𝘀 », leur deuxième album… sorti en 1985, c’est celui qui amorce la transition entre la période « dépressive » (néanmoins très bonne : Nada, Macadam Massacre…) du groupe et sa période « festive » (Abracadaboum et sa suite…) les textes s’éloignent de l’aspect tourmenté et plus introspectifs des débuts pour glisser vers quelque chose de plus universel et fédérateur avec les hymnes (hé ouai !) que peuvent être des morceaux comme « Petit Agité ! », « Vivre Libre Ou Mourir », « Porcherie ! », « Hélène Et Le Sang » (je pourrais quasiment citer tous les titres en fait !) « fustigeant tour à tour la paranoïa sécuritaire, les camisoles chimiques, le viol ou l’extrême-droite. »
La musique quant à elle devient plus « touffue », s’enrichit de rythmiques plus soutenues et diverses alors qu’apparaissent les chœurs qui deviendront en quelque sorte l’une de leur marque de fabrique… A part le nom du groupe écrit en orange plutôt qu’en rouge, cette réédition est en tous points similaire à l’originale, avec sa pochette ouvrante tout ça, tout ça ! – LP 11 titres –