Ä𝗸𝗲 𝗔𝗻𝘀𝘁ä𝗹𝗹𝗻𝗶𝗻𝗴, auteur suédo-breton, guitariste d-beat et expert en arpèges postpunk quand il ne hante pas le pôle emploi du coin ou les boites d’intérims armoricaines, ne traine pas accroché derrière un camion-poubelle, entre deux caisses de légumes ou sur un transpalette… aime coucher sur papier ses plus belles aventures, notamment dans le monde joyeux du travail précaire…
Voici donc 𝗟𝗲 𝗧𝗿𝗮𝘃𝗮𝗶𝗹𝗹𝗲𝘂𝗿 𝗱𝗲 𝗹’𝗲𝘅𝘁𝗿ê𝗺𝗲, édité par les 𝗘𝗱𝗶𝘁𝗶𝗼𝗻𝘀 𝗖𝗠𝗗𝗘 (https://editionscmde.org/) qui regroupe une petite vingtaine de ses histoires entre pomelo chinois, Dis Chaaarge !,PQ en lévitation et biture à l’hosto.. L’humour claquant et le gros sens de la connerie de Äke, couplés à son impossibilité de les contenir plus de 4 secondes l’amènent dans des situations improbables (mais néanmoins réelles !), souvent loufoques et forcements drôles !
Et même si on se marre tout le long de ce livre on en oublie pas moins ce que ces tranches de vie révèlent de notre société, comme le rappelle la 4ème de couverture :
« À l’heure où le droit du travail disparaît dans les limbes, où les attaques du néolibéralisme n’ont jamais été aussi fortes, on lira avec délectation ces récits qui nous rappellent la réalité de la production capitaliste – absurde, risible, et parfois tragique –, et qui nous poussent surtout à nous engager dans la seule voie possible pour y résister : le sabotage ! »
Ces textes étaient déjà sortis il y a quelques années de cela dans les trois numéros de Paul Emploi, excellent zine que notre glabre ami publiait alors et trouvent ici une seconde jeunesse sous forme de livre. Si tu connais déjà les zines, rien de bien neuf si ce n’est que ça fait plaisir d’avoir ces textes bien imprimés et regroupés dans un même bouquin par contre si ça ne te dis rien, voilà une bonne okaz’ de te rattraper ! – 13,5 x 21,6 cm – 96 pages –
Catégorie : Chroniques
Silent Era
𝗦𝗶𝗹𝗲𝗻𝘁 𝗘𝗿𝗮, groupe étatsunien de la fameuse « bay area », ne se cache pas d’avoir beaucoup écouté Post Regiment ce qui est, convenons-en, un gage certain de bonne influence… et à l’écoute de ce premier EP sorti l’année dernière, effectivement y’a un truc, cool !
4 titres de punk rock péchu à la guitare aérienne et au chant féminin enlevé, bien frais ! – EP 4 titres –
Post Regiment
Premier album sorti en 1992 pour le groupe majeur qu’est 𝗣𝗼𝘀𝘁 𝗥𝗲𝗴𝗶𝗺𝗲𝗻𝘁, pour moi, pour la scène punk polonaise et pour les punx d’ailleurs ayant un minimum de curiosité et de bon goût, un classique quoi ! Passé l’intro/délire bruitiste/platine vinyle qui déconne (la blague marche vachement moins bien sur youtube ! :D) en début de chaque face, bim ! Punk rock bien nerveux et mélodique (du bon côté de la force) qui déboule à 100 à l’heure et ce chant féminin en polonais qui prends aux tripes…j’adore cette langue, j’adore ce groupe et particulièrement cet album, indispensable !! – LP 19 titres –
Belgrado « Obraz »
Toujours la tête dans le brouillard avec le troisième album de 𝗕𝗲𝗹𝗴𝗿𝗮𝗱𝗼, « 𝗢𝗯𝗿𝗮𝘇 » (2016), groupe originaire de la scène anarchopunk/ squatts barcelonaise.
Barcelone où, à défaut de lagon, il ne manque pas de soleil et de palmiers et pourtant nous v’là encore avec un disque de post punk tendance coldwave… même si sur ce troisième album on retrouve pas mal d’influences psyché et dub (le soleil et les palmiers sans doute !) et le mélange, assez étonnant de prime abord, le fait carrément bien !
Le tout quasi exclusivement chanté en polonais, langue d’origine de la chanteuse et accompagné d’un livret de 28p. graphiquement influencé par le Bauhaus… le disque noir parfait pour un couché de soleil/mojito les pieds dans l’eau ! – LP 10 titres –
A Touch Of Hysteria
𝗔 𝗧𝗼𝘂𝗰𝗵 𝗢𝗳 𝗛𝘆𝘀𝘁𝗲𝗿𝗶𝗮 est encore une pièce historique exhumé des vieux tiroirs par le label 𝗗é𝗺𝗼 𝗧𝗮𝗽𝗲𝘀, groupe anglais formé en 1982, voici le pressage sur une face de vinyle de leur unique enregistrement : une K7 sortie en 1983.
Disque qui nous gratifie d’un excellent post punk baigné encore une fois dans la vague anarchopunk de l’époque, les prods de CRASS Rds et particulièrement influencé par The Mob (me parle pas de ton kit Ninja !). Des textes sombres axés religion qui collent parfaitement à leur zik et certainement mieux au brouillard londonien qu’au lagon réunionnais mais heureusement, y’a pas que Bob Marley dans la vie ! – LP 5 titres –
Passion Killers « They Kill Our Passion With Their Hate and War »
𝗣𝗮𝘀𝘀𝗶𝗼𝗻 𝗞𝗶𝗹𝗹𝗲𝗿𝘀 « 𝗧𝗵𝗲𝘆 𝗸𝗶𝗹𝗹 𝗼𝘂𝗿 𝗽𝗮𝘀𝘀𝗶𝗼𝗻 𝘄𝗶𝘁𝗵 𝘁𝗵𝗲𝗶𝗿 𝗵𝗮𝘁𝗲 𝗮𝗻𝗱 𝘄𝗮𝗿𝘀 » ou quand, en 1983, quelques ados de 16 ans d’un p’tit bled anglais du Yorkshire décident de monter un groupe influencé par les productions de CRASS Rcds et le contexte politique de l’époque : lutte antinucléaire, grève des mineurs, squatts… ce qui nous donne 11 morceaux de ce qu’on peut qualifier d’anarcho pop-punk étonnamment mature musicalement pour des jeunes gens de cet age (en tout cas pour ma part mes groupe au même âge étaient bien plus euh…voilà quoi ! 😀 ), un peu dans la lignée des premiers Chumbawamba, le côté « expé » en moins. Chumbawamba dont ils se rapprocheront fortement et que deux membres de Passions Killers finiront d’ailleurs par rejoindre.
L’histoire du groupe est détaillée par l’un de ses membres dans l’intéressant livret format LP qui accompagne le disque et c’est le label 𝗗é𝗺𝗼 𝗧𝗮𝗽𝗲𝘀, spécialiste du coup de projecteur sur de vieux groupes injustement méconnus aujourd’hui, essentiellement lié au fait qu’ils n’aient pas bénéficié comme d’autres de l’époque des mêmes appuis ou d’une longévité suffisante leur permettant de « marquer » les mémoires qui est à l’origine de cette bonne découverte, ces morceaux n’étaient alors disponibles que sur une K7 sortie en 1984 et par là même, difficilement trouvable. – LP 11 titres –
Scum Of Toytown « Cells »
𝗦𝗰𝘂𝗺 𝗢𝗳 𝗧𝗼𝘆𝘁𝗼𝘄𝗻, toujours dans la famille « punky reggae », après un silence de 20 ans sort son deuxième album « 𝗖𝗲𝗹𝗹𝘀 », chant féminin de grande classe pour un anarchopunk agrémenté de skank, d’accent dub et de quelques parties limites pop bien fraiches, hyper riche : mélodies et grosse patate…
« For punks, pranksters, and cultural gangsters
Inspire, co-operate, conspire, re-generate
A republic of dreams of desires without barriers
Subversive as love, set free from constraint
The message we send is the means, is the end
If not you then who? If not now then when? »
Un retour carrément réussi, chaudement recommandé ! – LP 12 titres –
Autonomads « All Quiet On The Western Front? »
Toujours 𝗔𝘂𝘁𝗼𝗻𝗼𝗺𝗮𝗱𝘀 mais tout frais ce coup ci avec « 𝗔𝗹𝗹 𝗤𝘂𝗶𝗲𝘁 𝗢𝗻 𝗧𝗵𝗲 𝗪𝗲𝘀𝘁𝗲𝗿𝗻 𝗙𝗿𝗼𝗻𝘁?… » leur p’tit dernier (2018), quatre morceaux qui causent d’attribution genré, d’exploitation salarié, de frontière et de gentrification… avec un côté L.K.J. assez prononcé au niveau du chant sur la face A (avis perso, te reste plus qu’à écouter !) – EP 4 titres –
Autonomads « One Day This Will All Be Gone… Everything Now! »
𝗔𝘂𝘁𝗼𝗻𝗼𝗺𝗮𝗱𝘀 groupe anarcho-dub-punk-ska de manchester formé en 2007, un peu celui dans le style qui tourne le plus ces dernières années avec plusieurs centaines de concerts dans les squats, clubs, bars, manifs…à travers l’europe et, à l’instar des IT! auxquels il était vraiment difficile d’échapper il y a quelques années, dur de ne pas avoir croisé Autonomads en concert pour qui a trainé un peu les concerts et festivals punk en métropole ces 5 dernières années.
« 𝗢𝗻𝗲 𝗗𝗮𝘆 𝗧𝗵𝗶𝘀 𝗪𝗶𝗹𝗹 𝗔𝗹𝗹 𝗕𝗲 𝗚𝗼𝗻𝗲…𝗘𝘃𝗲𝗿𝘆𝘁𝗵𝗶𝗻𝗴 𝗡𝗼𝘄! » leur deuxième album, sorti en 2014,confirme l’excellente impression qu’avait laissé leur premier disque et affirme davantage leur propre touche : anarchopunk à chant mixte fortement baigné dans le dub, le ska et mâtiné de folk, des textes sur la nécessité de s’organiser collectivement, sur la répression d’état, le squatt… de bons gens, assurément ! – LP 12 titres –
Inner Terrestrials « Tales Of Terror »
Les prochaines chroniques seront consacrées aux disques reggaepunkskadub et cie de la distro, vague toujours bien vivante aujourd’hui en angleterre et présente depuis les débuts du mouvement avec des groupes comme The Ruts, The Slits The Clash… on ne reviendra pas sur l’énorme influence de l’immigration jamaicaine et de sa culture sur les jeunes prolos anglais de cette fin des années 1970.
Pour commencer cette série quoi de plus évident (et moins original) que de commencer par ceux qui contribuent à remettre ce style au goût du jour des oreilles françaises les plus larges, depuis la fin des années 90 à aujourd’hui, à savoir 𝗜𝗻𝗻𝗲𝗿 𝗧𝗲𝗿𝗿𝗲𝘀𝘁𝗿𝗶𝗮𝗹𝘀 avec leur quatrième et dernier album en date « 𝗧𝗮𝗹𝗲𝘀 𝗢𝗳 𝗧𝗲𝗿𝗿𝗼𝗿 » (sorti en 2012, ça date ! Un nouvel album serait en cour d’enregistrement en ce moment même…). Pour le coup y’a pas d’souci, c’est bien foutu, IT! déroule leur recette le long de ces 14 morceaux répartis sur deux vinyles tranquillement, pas de surprise par rapport aux trois albums précédents et c’est bien ce que je leur reprocherai, à la longue l’impression de nouveauté des débuts s’estompe et, même s’ils le font très bien, un peu d’air frais dans leur musique ne serait pas mal venue, ça me lasse et je préfère me remettre un bon vieux P.A.I.N.! – Double LP 14 titres –